Le raz-de-marée politique causé par les élections européennes
Les élections européennes de 2024,qui se sont tenues dans toute l’Europe dimanche 9 juin 2024, ont eu des résultats historiques qui ont beaucoup fait parler. Une semaine après le scrutin, nous revenons en détail sur les résultats de ces élections aussi bien en France que dans le reste de l’Europe. Décryptage également de la nouvelle composition du Parlement Européen à Bruxelles.
Un résultat historique en France
Le résultat de ces élections européennes est historique et est un symbole de la montée de l’extrême droite en France. En effet, avec 31,37% des suffrages exprimés, le Rassemblement National, sous l’étendard de Jordan Bardella, est l’incontestable vainqueur de ces élections, obtenant plus du double des votes de Renaissance (14,5%) et du Parti Socialiste (13,83%). Cette victoire du parti d’extrême droite, auquel on pourrait ajouter les 5,47% du parti Reconquête ! est la plus forte de tous les pays d’Europe, avec 35 sièges obtenus au Parlement Européen : 30 pour le RN, 5 pour Reconquête ! . Reconquête parvient donc à obtenir des eurodéputés pour la première élection européenne de sa courte histoire, eux qui proposent un des programmes les plus extrêmes d’Europe. En voyant ces résultats, il serait simple d’affirmer l’orientation politique à l’extrême droite de la France.
En réalité, ce n'est pas si simple que cela. Si elle est devenue systématique lors des élections européennes, l’abstention a encore été très importante cette année, le taux d’abstention atteignant 48,51%, soit à peine moins qu’en 2019. Cette abstention de presque la moitié des citoyens en âge de voter pondère donc forcément les résultats de cette élection sans pour autant les changer. Le RN reste à l'issue de ces élections le premier parti de France.
La gauche a, elle aussi, obtenu un score proche des 35% de l’extrême droite mais réparti entre Verts, insoumis et socialistes. La liste socialiste portée par Raphaël Glucksmann se place en troisième position avec ses 14% et LFI en quatrième avec 9,89% des suffrages exprimés. Le PS conserve le même nombre de députés tandis que La France Insoumise ajoute 4 nouveaux députés à ses 5 déjà obtenus en 2019. Cela permettra notamment à la très médiatisée Rima Hassan de siéger au Parlement européen. Les Verts sont, eux, les grands perdants de ces élections avec la liste emmenée par Marie Toussaint. Ils ont réussi de justesse à obtenir les 5% nécessaires (5,5% selon le ministère de l’Intérieur), et ont donc largement chuté par rapport à leur score des dernières élections (13,48%), en perdant 5 sièges au Parlement Européen. Ces élections pourraient apparaître comme un marqueur du recul de l’intérêt des français pour l’écologie face à l'immigration, aujourd'hui deuxième sujet, alors même que la situation ne cesse de s’aggraver sans que des solutions ne soient trouvées. Le parti communiste, enfin, n’a, comme en 2019, pas réussi à obtenir les 5% des votes nécessaires à l’obtention de sièges d’eurodéputés, et ce malgré l’émergence d’une nouvelle tête pouvant incarner la jeunesse, Léon Deffontaines.
En France, cette victoire du Rassemblement National et de Jordan Bardella a donc déclenché un raz-de-marée politique avec la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par le Président le soir même des résultats électoraux.
Et dans le reste de l’Europe, qu’est-ce que cela donne ?
Dans la majorité des pays, les conservateurs, la droite « classique » équivalente des LR qui ont obtenu environ 7% des suffrages en France, sont arrivés en tête, notamment dans des puissances comme l’Allemagne et la Pologne. C’est le Parti populaire européen qui sera donc majoritaire au Parlement, comme c’était déjà le cas depuis 2019.
Concernant l'extrême droite, à l’échelle européenne, le pays le plus touché est la France. Cependant, elle est loin d'être la seule. En Allemagne, l’AFD, avec qui le RN a rompu ses liens depuis mai 2024 et qui ne fait désormais plus parti du groupe Identité et Démocratie, recueille 14% des scrutins exprimés, obtenant le deuxième plus grand nombre d’eurodéputés. L’Italie a ,elle aussi, un parti d’extrême droite comme vainqueur de ces élections : le parti de la dirigeante du pays, Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia. L’Autriche et la Belgique voient eux aussi des partis d’extrême droite remporter leurs élections européennes de cette année. Mais dans de nombreux cas, le nombre d’euro députés d’extrême droite n’augmente pas ou très peu dans ces pays, leur score étant relativement proche de celui de 2019. Seule la France voit l’extrême droite bondir à ce point.
Pour ce qui est de la gauche, cinq pays européens voient une liste de gauche arriver première de ces élections, la Slovaquie, le Portugal, la Suède et les Pays-Bas pour une liste sociale-démocrate, et le Danemark pour une liste écologiste. Mais dans toute l’Europe les partis écologistes perdent des sièges, revenant ainsi sur le progrès qu’avait représenté 2019 de ce point de vue.
Le nouveau Parlement européen, pas si nouveau que ça :
Globalement, le Parlement garde la même ligne. Le Parti populaire européen, de droite, est majoritaire, suivi par la gauche socialiste et démocrate qui perd encore du terrain sur l’extrême droite. Chez celle-ci, le groupe Identité et Démocratie gagne 9 sièges, et l’ECR gagne lui aussi 4 députés. Leur alliance pourrait en faire la troisième force politique du Parlement avec 131 sièges, très proche des 135 socialistes démocrates. L’extrême gauche représentée par The Left, où siège LFI, se maintient, en perdant seulement un siège.
Les grands perdants sont, à l’image de la France, les Verts qui perdent pas moins de 19 sièges au Parlement européen. Eux qui avaient été la surprise de 2019, perdent donc drastiquement en influence sur la politique de l’Union Européenne. Renew, équivalent de la majorité présidentielle, chute également de 23 députés, notamment dû à leur faible score français.
L’ordre des forces reste donc le même au sein du Parlement Européen, malgré une nouvelle avancée des partis d’extrême droite.
Robinson Calle